Décriminalisation du Cannabis au Portugal 13 ans aprés

Drapeau Portugal

Légalisation du Cannabis au Portugal dès 2001

Le Portugal, membre de l’union européenne au même titre que la France a décriminalisé la possession de toutes les drogues à des fins personnelles en 2000 pour être finalement appliquée en 2001 et il existe maintenant suffisamment de retour sur expérience pour décrire ce qui s’est passé à la suite de ce changement majeur dans le pays. Toutes les constations qui vont suivre sont issues du rapport de European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction (EMCDDA). Télécharger ici (en anglais).

La situation en ce qui concerne les stupéfiants s’est significativement améliorée dans plusieurs régions clefs du pays. Le plus remarquable est la diminution du nombre des infections au VIH et des morts liées à la consommation de stupéfiants alors que l’augmentation massive de la consommation, tant redoutée par certains, n’a pas eu lieu.

Ces améliorations ne sont pas seulement le fait de la nouvelle politique des drogues, le Portugal a changé de cap pour une politique centrée sur la santé, ainsi que pour de nombreuses modifications dans la gestion de la santé et du social qui ont largement contribué aux changements positifs qui ont pu être observés. Basé sur les plus récentes informations, cet article fait la lumière sur les retombées de la légalisation sur la société portugaise et relativise les reproches adressés à la politique innovante menée par ce pays.

Retour sur les événements

Le Portugal à décriminalisé la possession pour usage personnel de toutes les drogues en 2011. Cela veut dire qu »alors qu’il ne s’agit plus d’un crime de posséder des stupéfiants pour usage personnel, il s’agit toujours d’un délit punissable par exemple par des amendes ou des travaux d’intérêt général.

La peine à appliquer est décidée par les Commissions pour la « Dissuasion des Addictions aux Drogues« , qui existent au niveau régional et sont constitués de professionnels de la santé, du social et de la loi. En réalité, la majorité des individus qui ont comparu devant ces commissions sous les ordres de la police ont vu leur cas « suspendus », ce qui signifie en fait qu’ils ne recevront aucune pénalité.

Approche sanitaire vs punitive

Les gens dépendants aux drogues sont encouragés à suivre un traitement médical mais ne sont que rarement condamnés si ils décident de ne pas en suivre un.

Le but premier de ces commissions, et plus largement de la politique de décriminalisation, est de prendre à bras le corps le problème de santé publique des consommateurs de drogues injectables.

Dans les années qui ont précédé la réforme, le nombre de morts liées à la consommation de drogues a monté en flèche et les taux d’infection au VIH, à la tuberculose et aux hépatites B et C parmi les personnes qui s’injectent des drogues a rapidement augmenté. C’est alors que le consensus entre les professionnels de la loi et les professionnels de la santé a commencé a émergé, partant du constat selon lequel la criminalisation et la marginalisation des gens qui consomment de la drogue contribuent au problème, et que dans un cadre légal plus humain ce problème peut être mieux géré.

Décriminalisation et approche de santé

Le Portugal a complété sa politique de décriminalisation en allouant de plus grandes ressources aux intervenants sur le terrain des addictions afin d’étendre et d’améliorer les actions de prévention, de traitement, de réduction des risques et des programmes d’intégration sociale. L’introduction de ces mesaures a coïncidé avec le développement du bien être des Portuguais, qui incluaient la mise en place d’un revenu minimum garanti. Alors que la décriminalisation jouait un rôle important, il paraît réaliste de dire que les améliorations listées plus bas ne seraient jamais arrivé sans ces larges réformes d’action sociale et de santé.

En fin, alors que la politique de décriminalisation du Portugal a attiré une grande partie de l’attention des médias, il n’est pas le seul pays à avoir mis en place de telles réformes. Même si des variations existent dans la manière dont est définit et mise en place la dé-criminalisation, 25 pays ont supprimé les sanctions pénales pour la possession de certaines ou de toutes les drogues, contribuant ainsi au repli de la politique globale de répression des drogues.

Usage des drogues au Portugal

L’une des conséquences les plus vivement discutées de la politique de dé-criminalisation du Portugal est son impact sur le niveau d’usage des drogues. Les calculs du taux d’usage après 2001 sont généralement contradictoire du fait de l’utilisation différentes de données, de groupe d’age ou de modèles de calcul différents. Mais une analyse détaillée de la situation post-décrimilisation révèle :

– Les niveaux d’usage de drogues sont en dessous du niveau moyen européen
– L’usage de drogue a diminué parmi les gens âgés de 15 à 24 ans, la population la plus à risque pour « commencer » un usage de drogue
– L’usage à vie de drogue à légèrement augmenté parmi la population en général mais il s’agit d’une tendance globale qui concerne aussi les pays européens voisins. Cependant, le taux d’usage à vie de drogue n’est pas considéré comme un indicateur fiable pour décrire la situation d’un pays.
– Les taux d’usage de drogue « l’année dernière » et « le mois dernier » parmi la population au sens large a diminué. Ces taux font partie des meilleurs indicateurs de l’évolution des usages de drogue
– Entre 2000 et 2005 (les années les plus récentes pour lesquelles les données sont disponibles) les taux d’usages problématiques par injection ont diminués
L’usage de drogue parmi les adolescents a diminué continuellement pendant plusieurs années après la décriminalisation mais a récemment augmenté pour retrouvé le niveau où il était en 2003
– Les taux de continuité d’usage (proportion de personnes a avoir déjà consommé de la drogue illégale et qui continuent à la faire) ont diminué

Globalement, cela suggère que retirer les sanctions pour usage personnel de drogue n’a pas eu pour conséquence d’augmenter les niveaux d’usage.

C’est cette même constatation qui est réalisée partout à travers le monde, l’intensification de la prohibition ne conduit au mieux qu’à un impact marginal sur la consommation de la population.

Il n’y apparemment aucun lien entre l’intensité de la répression des lois d’un pays et le taux d’usage de drogues de sa population. Au contraire, le taux d’usage de drogue a tendance à augmenter ou à diminuer en suivant les mêmes tendances que les investissements culturel, le efforts sociaux et l’activité économique.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il en France aussi légaliser le Cannabis ?

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